Servitude

Le renoncement est le repos du guerrier, n’est-ce pas ?

Le renoncement ne suffit pas, il n’est pas un repos, parce que de tout renoncement naît la frustration.

Bravo, et le serpent se mord le queue, et se dévore en entier…

Le renoncement peut représenter une école, pendant un temps relatif, le temps de comprendre qu’il ne débarrasse pas de la souffrance; beaucoup ne parviennent pas à comprendre que le non désir peut aboutir par des voies simples, le renoncement n’en étant pas une à mes yeux.

Non le serpent ne se mord pas la queue, il s’enfuit dans les fourrés trouver la paix dans la solitude.

Vous auriez pu en déduire des questions diverses plutôt que de vous laisser mordre par une queue qui n’existe pas.

Ne pas chercher au dehors de soi ce que nous croyons qu’il nous manque.

Ce qu’il peut réellement nous manquer n’est nulle part ailleurs qu’en soi.

Trompé par les croyances du monde nous ne cessons de fixer notre regard sur des objets qui n’existent que pour détourner notre attention et nous nous trouvons dans la difficulté de voir ce qui est la portée de nos mains. C’est une évidence.

Le non désir de ce qui n’est pas « soi » amène à la rencontre de ce soi que l’on ne sait pas voir.

Le non-désir n’est pas une réaction qui résulterait d’un choix de renoncer pour quelque raison déterminée, le non désir est présent dans l’attention à soi comme une offrande de la conscience.

La servitude n’existe que chez celui-là qui ne sait pas se servir lui-même. Ce qui peut s’apprendre bien heureusement !

Je comprends votre point de vue, mais il ne s’agit pas d’une voie simple, à mon sens, elle est même très complexe. Et je pense que peu de personnes peuvent y parvenir.

Certes, voila une raison de plus de la signaler

Je suis votre serviteur, et vous serez mon débiteur.

Nul ne peut être mon serviteur, je suis le serviteur de personne.

Le service est toujours un commerce, Je préfère l’acte gratuit.

Je n’attends pas de gratitude et n’en ressens pas non plus.

Celui qui donne se donne à lui-même avant tout, alors qu’il se remercie lui-même suffira bien.

À celui qui donne il est donné de voir qu’il se donne à lui-même et sans doute peut-il être un exemple pour celui qui souffre, et de quoi peut-on bien souffrir en premier point si ce n’est de ne pas savoir se donner à soi et par voie de conséquence voir pauvreté en toute chose.

L’amour libère de tout état de servitude.

Bipolarité (partie 1)

Le plus petit moucheron ou moustique qui s’approche de moi pour sucer mon sang me rappelle que le monde est rempli de prédateurs.

Appelons-les ainsi, tyrans, petits ou grands, inconscients ou non, vampires et prédateurs ils sont, le monde en est rempli, il n’y a que cela.

Jadis, cet état de choses ne me gênait pas. Je voyais la nature ou l’espace du vivant habité par des anges, des proies innocentes, et des requins féroces, la scène du lion courant derrière la gazelle pour la dévorer me semblait précieuse et belle comme tableau de maître. Les affamés, dévoreurs, aux bouches armées des plus impitoyables dents, ne me faisaient pas peur, ils étaient l’autre face d’un monde que je comprenais dans sa dualité, je l’acceptais parce que c’est ainsi que je me voyais moi-même, comme un grand et terrible prédateur, c’était la règle du jeu et je m’étais laissé couler avec enthousiasme dans la partie qui allait se jouer, celle de ma vie.

Ainsi la bipolarité était assumée et digérée. C’était à qui voulait me manger ou à qui je pouvais espérer manger. Ma perception générale était soumise à ces conditions, une « chose » vivante ou non me paraissait belle ou pas, en fonction de l’impression qu’elle infligeait à mon sang et mes veines, cette chose voulait-elle me consommer ou voulait-elle s’offrir à moi et apaiser mon appétit ?

Avec le temps, ma sensibilité s’est accrue. Et l’équilibre dans lequel se tenaient les bras du balancier est mort, la balance elle-même a disparu. Le monde a chaviré dans la laideur, la stérilité, l’injuste, l’incorrect, l’inutile, la lassitude, la « creuseté » (mot nouveau qui sonne moins creux).

La conscience (2)

Paradoxalement, nous sommes persuadés que notre raison est là pour travailler à la création des liens, qu’elle érige des ponts entre une cause et un effet, entre « j’ai fait ceci il en résulte cela » ou « je veux ceci, et pour l’obtenir, il faut que je fasse cela ». Nous sommes assurés que c’est bien ainsi que cela fonctionne, or, ce n’est pas vrai, notre conscient n’est pas et n’aime pas être rationnel, il bouillonne sur le feu des hormones et des pulsions. Celui qui est le plus en rapport avec la causalité et qui est en mesure, d’entretenir les rouages, les liens mécaniques entre une expérience et les faits qui l’ont produite, comme les faits qui en ont résulté, celui qui demeure vibrant dans la permanence d’un souvenir nécessaire à tout ce qui est relatif à l’acte de survivre, et qui voudrait faire intervenir ou intégrer toute sorte d’éléments du passé pour assurer une meilleure compréhension du présent, c’est bien l’inconscient.

La conscience (1)

Le champ de prédilection du conscient est l’avenir, or, pour pouvoir se montrer efficace dans le moment présent tout en regardant vers l’horizon, il ne faut surtout pas qu’il s’embarrasse du passé. Que faire de ce passé, Que faire de cette blessure ? La peau elle-même n’aime pas se souvenir, elle s’oblige à effacer les traces de toutes plaies. Le conscient se « plaît » également à oublier le problème qu’il a résolu et comment fait-il ? Sans doute y a t-il un programme qui s’exécute automatiquement devant la somme de choses à traiter en un temps si court, un programme de service qui trie les éléments selon des critères simples : « cette information n’est pas capitale, allez hop ! Direction inconscient ! », ou encore : « cet événement m’apporte une gène ou une douleur et je ne peux ou ne sais la régler maintenant, allez hop ! ». Combien d’informations retient-il, ce bon conscient ? Sur mille petits objets observés, combien va t-il en conserver près de lui ? Très peu je pense… Le conscient est un tout petit radeau flottant à la surface de l’océan de l’inconscient, mais parfois une vague vient le submerger, déposant dans son passage quelques affaires écartées par le petit programme servile et l’agitation apparaît sur le petit esquif. A son bord, le ou les embarqués ne chercheront qu’une seule chose : rejeter le plus vite possible à la mer ce que l’océan leur a rapporté.

 

 

Civilisation

Certains éléments, comme les pyramides que l’on retrouve sur tous les continents, semblent prouver l’existence  d’une autre civilisation avancée, bien avant la nôtre. Qu’en penses-tu ?

Non, il n’y a pas eu de civilisations très  avancées dans le sens que j’entends.

Avancée techniquement, comme la notre, vulgaire et arrogante.

Cela est possible, mais ne représente aucun intérêt. On ne peut pas parler de civilisations avancées en termes de conscience, on en parlerait en termes d’espèce dans ce cas.

Une civilisation peut être positionnée par rapport à une autre en affaire de technologie, mais pas de conscience.

Car une civilisation est, par essence, ce qui n’est pas évolué en « matière » de conscience.

Ce « moi » oui suite de « ce je »

Jamais nous ne parlons de nous-mêmes, seulement nous le croyons, ou faisons semblant de le croire.

Il y a toujours une facette de nous-mêmes qui parle, le « moi » est un monstre à mille bouches.

Comment voudrait-on qu’elles parlent toutes dans la même langue ?

Ce « nous » ne parle que de la personne, pas de l’être. Il n’existe pas de pronom pour l’être, l’être n’en a pas besoin puisqu’il s’exprime par la chair, seulement la chair.

 

Ce « je » (ou suite de l’ennui)

Ce « je »  qui peut libérer le temps… Ce n’est pas de ta volonté, mais c’est de ton pouvoir, n’est-ce pas ?

Le raisonnement par le « je »… il est évident que le « je » ne saurait ni savoir, ni pouvoir, le « je » ne sait qu’être dupe.

Le pronom peut être employé dans les deux cas, c’est là que se pose la difficulté d’interprétation, à chaque fois que je prononce ce pronom « je ». On est dans l’obligation de se demander de quel « je » est-ce que je parle.

Si je parle de ma personne, donc de moi en tant que sujet, je parle de celui qui est dupé en permanence. Mais n’oublions pas que dans mon cas, la personne ou le sujet sait non seulement qu’il est dupé, mais le voit en temps réel. Par conséquent, ce sujet est capable de prononcer le terme « je » tout en ne parlant pas de lui-même.

L’ennui (ou l’instant)

Je ne pense pas que tu puisses t’ennuyer, pas tant parce que tu as beaucoup de choses à faire, mais parce que l’ennui est lié à la perception que l’on a du temps.

N’es-tu pas prisonnier du temps ?

 

C’est lui qui est mon prisonnier, mais souvent je le libère, je ne pense pas que l’ennui soit lié à une perception quelconque du temps, je pense que l’ennui vient de nos désirs de projets ou de notre difficulté à concevoir des projets, libère-toi de l’horizon à atteindre et tu te libéreras de tout ennui.